L’échec d’une tentative de « stabilisation » au Sahel

Tanguy Quidelleur

 Depuis 2012, le Sahel est au cœur d’un conflit régional marqué par l’échec des interventions internationales et des pratiques de « stabilisation ». Largement inspirées par des imaginaires de reconstruction étatique et de lutte contre le terrorisme, ces politiques ont finalement accompagné les dynamiques locales de violence et les polarisations politiques. La montée de l’autoritarisme, illustrée par les coups d’État récents, reflète une contestation des modèles interventionnistes perçus comme imposés de l’extérieur et redéfinissent des rapports de force à l’échelle régionale. Dans ce contexte, les acteurs ouest-africains jouent un rôle central dans la réinterprétation des pratiques du pouvoir, mais surtout, dans l’émergence de nouvelles alliances et de mise en concurrence des puissances interventionnistes. Ce policy brief propose une lecture sociologique et critique des limites des stratégies internationales, en mettant en lumière les effets différenciés des interventions sur les structures sociales et politiques locales. Il explore enfin la perspective d’un engagement international renouvelé, plus attentif aux dynamiques locales et aux recompositions sociopolitiques en cours.